Work, please ? Feat [Victoria Castallo]

Work Please

Lilith Liar | Victoria Castallo

Encore une journée de travail. Normal après tout et puis je vais pas me plaindre non plus. Avoir un job de nos jours c'est pas le truc le plus simple faut vraiment s'y prendre à l'avance surtout pour certains trucs. Je me souviens quand nous sommes arrivés ici, tous les deux. Complètement démunis, on savait pas où on allait, on avait pratiquement aucune idée de là où on se trouvait et on ignorait complètement comment on allait s'en sortir. Tout ce qui primait à l'époque c'était de survivre. Rien d'autre n'avait d'importance. Il fallait juste qu'on s'échappe, qu'on s'enfuit. Seulement on est pas dans un film. Les héros qui s'en sortent rien qu'en fuyant dans une vieille bagnole rouillée n'existent pas. Nous on avait bien la bagnole bonne pour la caisse mais les héros ressemblaient plus à des bêtes qu'à des hommes, si même je peux oser nous appeler des héros. On était jeunes et imbéciles. On savait pas ce qu'on faisait et ce qu'on avait fait. On ignorait tout du "vrai monde". Et puis avec la transformation qui débutait pour Armando, c'était juste infernal comme vie. Puis on s'est posés. On a arrêtés de courir et on a de nouveau respiré.
Notre nouvelle vie, si j'ose dire,  commençait et c'était pas fameux. On a commencer à la base comme tout le monde puis on a gravé nos échelons un à un. Aujourd'hui je suis serveuse dans le café restaurant de Beacon Hills. Aujourd'hui je vis dans un petit appartement avec ma colocataire. Aujourd'hui je passe ma journée à nettoyer encore. Mais aujourd'hui le patron est pas là et il m'a demandé de gérer le business pendant son voyage à Cuba. Il a dit "voyage d'affaire" tu parles, si je le connaissais pas aussi bien j'aurai pu le croire mais là c'est aux petites cubaines qu'il veut faire des affaires. Bref tout cela ne me regarde pas après tout il fait ce qu'il veut de... je m'égare...

Aujourd'hui donc c'est une journée bien tranquille même si nous ne sommes qu'en début d'après midi. Il fait beau. Il fait chaud. Alors les gens préfèrent sortir se balader aller à la piscine plutôt que venir au café. Mais ce soir, si je trouve quelqu'un d'ici là, il y aura du monde. Je dis bien si je trouve parce que bien sûr, mônsieur part à Cuba maos c'est moi qui doit ramasser ce qu'il a oublier derrière lui. Ce qui fait que pour la soirée spéciale y a personne au programme. Génial.

Je suis encore en train de pester lorsqu'une jeune fille entre l'air sûre d'elle.
- Bonjour, je viens pour l’annonce que j’ai trouvée sur internet. Vous recherchez toujours une chanteuse pour animer le soir ?

Je la regarde un instant bouche bée. Ma sauveuse. Puis je souris. J'aurai jamais cru que cette annonce marcherai.

-Oh oui l'annonce... Hum... et bien oui c'est toujours d'actualité. Vous voulez y participer?

Work Please

Lilith Liar | Victoria Castallo

- Y participer ? Je prends le job si personne ne s’est encore présenté. Je souhaite avoir des avantages, surtout si je suis seule à me renseigner sur votre annonce.

Et bien de toute évidence cette fille ne perdait pas son temps ni le mien. Plaisant. Rapide. Concis. Direct. Tout ce qui me plait. Cependant je n'avais pas vraiment été informée de la procédure à suivre concernant les caprices des employés. Le patron avait juste dit : "Je veux quelqu'un pour la soirée. Débrouille toi"  Autant dire que j'étais bien dans les choux. Je ne pouvais effectivement pas lui refuser si elle décidait de partir. J'avais vraiment besoin d'elle. Elle n'avait pas tort sur le point de l'activité des demandes sur l'annonce. Personne ne s'était présenté. De plus si on apprenait que le Moon's perdait en réputation alors que je m'en occupais alors il n'hésiterai pas et je me retrouverai ni une ni deux à la porte avec mes clics et mes clacs et basta
Et... comment dire... j'avais intérêt à faire attention à mes fesses.

- Hum...Le job sera a vous dans quelques minutes si vous voulez bien me suivre à l'arrière dans le bureau. Mais concernant les avantages il faudra voir avec le véritable parton. Il reviendra dans quelques jours.  

Je m'apprêtais à la conduire dans l'arrière boutique comme j'aimais bien appeler l'espace aux dimensions ridicules entre les cuisines et les vestiaires des employés, lorsque quelqu'un d'autre entra dans l'établissement. Armando. Mon cœur fit un bond monstrueux mais je m'efforçais de garder un visage impassible lorsqu'il me sourit. Bon... oui il est magnifique, oui je peux pas résister d'habitude, mais on avait convenu de règles strictes concernant le mélange vie-travail. Entre autre, le fait de ne JAMAIS mêler les deux! D'aucune façon! Quelle qu'en soit la raison. Alors oui excuse moi de paraître odieuse mais je n'ai pas forcément envie que tout le service soit au courant de mes aventures surtout si ça me permet de me faire draguer par moment.

- Pardonnez mes demandes excessives, je suis nouvelle en ville et je dois avouer avoir une âme de marchande.

Je le saluais quand même d'un léger sourire avant d'attraper la main de la jeune femme pour l'emmener. En passant devant Bastian je lui fis signe de me remplacer juste un instant. Je passais les portes battantes, louvoyais entre les cuisiniers, nageais dans cette chaleur étouffante et cette odeur de plats qui me piquait les yeux et me donnait la nausée. S'il y a bien une chose que je déteste dans ce travail outre les remarques impolies lancées à tout va, c'était venir chercher les commandes ici. J'en ressortais toujours les larmes aux yeux et les voies respiratoires totalement obstruées. Je traversais donc toute la pièce en apnée. J'arrivais enfin dans le "bureau" et refermais la porte hermétique derrière elle. Puis je l'invitais d'un geste fluide à s'asseoir et passais de l'autre côté de la table. Dans le premier tiroir je trouvais le dossier des contrats et farfouillais dedans jusqu'à émerger le document à la main. Je l'étalais devant moi et commençais à le lire.

- La Société Moon's café située à Beacon Hills, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de la ville ci-dessus précisée sous le numéro 1902N99,

Représentée par Victoria Castallo, agissant en sa qualité de géra remplaçante,

Melle/Mme ... ?

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Lilith Liar | Victoria Castallo

- Mlle Liar Lilith. Enchantée de faire votre connaissance Victo … Puis-je vous tutoyer ? Ce me semble normal car j’ai l’impression d’avoir le même âge et puis même si je respect mes supérieurs, je n’ai pas l’habitude de les vouvoyer !

- Je dois dire que ça me gêne un peu d'être vouvoyée, j'ai l'impression de prendre un coup de vieux à chaque fois. gloussai-je une main cachant pudiquement mon sourire. Je suis ravie de faire ta connaissance Lilth, magnifique prénom d'ailleurs au passage. Qu'elle origine?
Pendant ces quelques secondes de répit, j'en profitais pour inscrire son nom sur le formulaire avant de lui tendre. Je passais rapidement le tout en revue et signais le bas du petit paquet de feuilles volantes retenues par une simple agraffe rouillée à deux doigts de rendre l'âme. Tout avait l'air en règle. Je tournais le document pour le lui présenter et lui approchais le vieux pot de yaourt en terre cuite qui servait de rangement à crayons, bien que le mot crayon soit un peu excessif pour désigner le tas de morceaux de bois aux mines cassées et aux bout rongé d'une centaine de marques de machoires refermées rageusement jusqu'à entendre un craquement jouissif pour épancher une colère quelconque.

- J’ose. Je suis nouvelle en ville, et je crois que cela se voit. Et je ne  me suis pas vraiment intégrée … Je me demandais si tu ne pouvais pas me présenter, me faire visiter un peu les coins branchés, si tu vois de quoi je parle !

Elle avait dit cela avec un sourire malicieux, le genre de sourire qu'on donne quand on veut absoluement obtenir quelque chose. Je n'étais pas dupe. A vrai dire je m'y connais plutôt bien dans ce genre de méthode. J'avais bien vu son regard lorsqu' Army était entré dans le café. C'était un tombeur de première. Du genre beau gosse qui fait chavirer toutes les belles blondes à dix kilomètres à la ronde et Lilth n'était certainement pas la première à tomber dans ses filets mais il faut me comprendre, je suis du genre un peu possessive... Bon ok... ultra-possessive. Alors les petites minettes qui se laisse attraper je les rembarde direct avec un coup de pied aux fesses. C'est mon Armando quand même. J'avoue c'est assez bizarre comme réaction surtout si on regarde d'un peu plus près notre vie de couple (que je ne vous décrirai sûrement pas même si vous en mourez d'envie), mais on est heureux comme ça, on ne se plaint pas et tout est bien comme ça.
Lilith avait l'air d'une fille chouette au premier abord mais elle avait dit le petit truc en plus qu'il ne fallait pas rajouter. Le petit truc en trop qui renverse la situation. Si elle voulait que j'oublie ses yeux scotchés aux abdos de mon petit copain il allait falloir que j'y trouve quelque chose à gagner.

- Alors écoute moi bien. Je vois parfaitement ce que tu veux dire et la réponse est strictement non. lâchai-je sans plus rien dans la voix qui laissait place à la chaleur de l'amitié naissante. Seulement, ça paraissait beaucoup trop louche comme ça, il falllait que je trouve un truc pour préserver mon secret.  Ce mec n'est pas fait pour toi et je dis juste ça pour t'éviter des souffrances inutiles alors je te préviens direct: oublie le. C'est pas un mec bien.  
Mon mensonge sonnait bizarre entre mes lèvres alors que mon cerveau criait le contraire. Mais l'important n'était pas ce que je racontais mais que ça reste crédible.